Normandie Sous le signe de l’engagement sociétal

Bénéfices environnementaux, sociaux, pour les territoires… Les entreprises se sont attachées à intégrer à leurs productions végétales des valeurs additionnelles non matérielles, qui ont du sens pour le consommateur final ou qui s’inscrivent dans le cadre de la démarche de RSE de leurs clients. Ce mouvement en faveur de produits « qui ont du sens » s’est traduit par de la relocalisation économique. C’est ainsi, par exemple, qu’une malterie privée (Normandie malt), soutenue dans son approvisionnement par la coopérative de Creully, a vu le jour à proximité de Bayeux. Elle produit depuis 2020 des malts tracés 100 % normands destinés aux brasseries artisanales locales.

Fabriqué en Normandie

Une filière blé dur de Normandie a également connu en 2020 sa première année de fonctionnement. Les semis et la collecte sont organisés au sein de NatUp à destination du semoulier-pastier Lustucru, dont le moulin est basé à Rouen. D’autres initiatives d’approvisionnement des industriels en circuits courts émergent, à l’image de la filière de blés biscuitiers issue d’un partenariat entre Noriap dans la région et Barilla.

Porté par NatUp, un projet de filature du lin au mouillé dans l’Eure permettra de fabriquer du fil de lin 100 % normand dès l’an prochain. La technologie choisie devrait permettre de répondre aux exigences de l’industrie du prêt-à-porter. Ce projet bouclera la boucle d’une filière textile de lin français relocalisée à 100 %.

Ces démarches de relocalisation de l’économie trouvent sur le terrain des relais politiques. L’actuel président de Région, Hervé Morin, est reconnu comme étant très investi sur ces sujets. D’autre part, en lien avec leurs politiques de RSE, les entreprises de l’aval ont aujourd’hui une vraie volonté de participer à un commerce équitable « Nord-Nord ».

Des techniques plus vertueuses

Mais ce commerce « responsable » exige des garanties de bénéfices pour les territoires et sur le volet environnemental. C’est tout le sens des démarches bas carbone engagées en grandes cultures, qui doivent à la fois pérenniser les agriculteurs et favoriser des techniques vertueuses. NatUp et le négoce Dumesnil en sont les fers de lance. Cet élan pour engager davantage les productions du point de vue sociétal, trouve aussi son ancrage dans les besoins exprimés par les agriculteurs pour qui, dans les zones de Scop, il est devenu vital d’aller chercher davantage de valeur ajoutée. Cela se traduit par une envie d’expérimenter et une meilleure acceptation des contraintes dans les cahiers des charges.

À l’export, les entreprises sont à la conquête de plus de valeur en misant sur l’origine des produits. De par son histoire, la Normandie est la région du monde la plus connue derrière la Californie. Mais malgré des initiatives répétées, ce potentiel de notoriété est encore largement sous-exploité. Ce virage stratégique est d’autant plus nécessaire aujourd’hui que les entreprises sont exposées aux marchés britanniques, dont la pérennité pourrait être remise en cause avec le Brexit.

Alexis Dufumier